Génialissime !

La plus délirante série jamais créée

Même si au premier abord, on peut penser que cette bande dessinée se résume à un scénario proche de "Pfelelep saute sur tout ce qui passe à sa portée", je crois que la série a quand même d'autres qualités qui la rendent absolument unique en son genre.

C'est vrai, beaucoup d'histoires de l'enfant zoovage sont très absurdes, et même parfois trop absurdes (je pense surtout aux "Belles histoires de Madame Vergonde"), c'est souvent cette même absurdité qui les rend géniales. Il n'a que dans cette bande dessinée que l'on peut, entre autres, entendre un crocodile déclamer "Le mieux est l'ennemi du bien, sauf quand il est vraiment mieux", apprendre que le baby-foot a été inventé par les prisonniers de l'île de Pâques qui étaient à l'époque attachés entre eux par les épaules, ou que les Russes remplacent les organes génitaux des ours du Canada afin d'espionner les frontières des Etats-Unis. Il faut reconnaître que Hugot a le génie de créer des situations tout à fait invraisemblables, mais auxquelles on accroche pourtant.

Mais c'est certainement le personnage de l'enfant zoovage lui-même qui constitue le principal attrait de la série. Assez étonnement, Pfelelep se révèle très attachant au fil de ses aventures. Seul humain vivant à l'état sauvage, il est aussi le personnage de la bande dessinée à laquelle on peut un tant soit peu s'identifier, car c'est le seul à faire preuve d'humanité ou même d'un peu de raison. La société dont il vit à l'écart semble détestable à tous les égards: elle est n'a aucun sens, ses dirigeants sont pourris à souhait, et l'on ne peut vraiment se fier à personne (Même à Madame Vergonde, c'est bien un comble !)... Hugot l'a très sévèrement caricaturée. On comprend aisément que Pfelelep ne veuille pas s'y intégrer ! (Et c'est même peut être délibérément qu'il se refuse à apprendre à parler l'humain) Mais s'il est le seul à faire preuve d'animalisme (humanisme appliqué aux animaux), il n'en est pas pour autant un héros vertueux, et bien heureusement car sinon la série perdrait une grande partie de son intérêt...

Tout cela parce que l'enfant zoovage est un VRAI déconneur ! C'est un vrai numéro à part entière. Il semble à l'aise dans tous les rôles, ainsi d'une case à l'autre il se révèlera être un espion souvent en mission, l'agent d'entretien du zoo, un amateur de littérature mais aussi un doux charmeur plein de romantisme pour conquérir le coeur d'Emma la chèvre, un gardien intérimaire de zoo déjanté, un baby-sitter pour bébés crocodiles, un fou furieux libidineux dès qu'il aperçoit madame Vergonde ou encore le confident privilégié de tous les animaux du zoo. En fait, pour lui absolument tout est prétexte à s'amuser, Il sait tourner n'importe quelle situation à son avantage et arrive à tout voir du bon coté. Les sirènes avec lesquelles il a passé une nuit de folie sont en fait des tentacules ? Ce n'est pas bien grave... Et c'est ce qui rend les aventures de Pfelelep particulièrement délirantes et agréables à lire. Et enfin, mais cela n'engage que moi, je trouve le style graphique qu'a adopté Hugot très attrayant, loin du style réaliste pur et dur qui règne en maître dans la production actuelle d'albums de bandes dessinées, mais en étant tout de même très travaillé et à aucun moment négligé. La faune du zoo est dépeinte avec une très grande originalité, et les expressions de Pfelelep lui même sont souvent saisissantes de vitalité.

Toutes ces qualités, et pas mal d'autres encore me font penser que, franchement, l'enfant zoovage est une des meilleures choses qui soit arrivées en ce monde depuis l'invention du fil à couper le beurre.